SUR LA MUSIQUE ET L'OPÉRA

 

Certains disent que la peinture est d’abord un art de lecture immédiate. En effet, le regard du visiteur de l’exposition qui présente les œuvres de Danielle Doucet, sera sans doute immédiatement capté par un tableau qui éveillera dans son imaginaire des résonances particulières. Est-ce parce que Danielle Doucet commence par dire haut et fort « non » ? Ce « non » semble au premier abord, être un « non » qui refuse l’embrigadement qui pourrait en faire un peintre figuratif ou conventionnel. Il semble pourtant qu’il soit possible d’évoquer l’influence de ses racines culturelles en Belgique qui à notre avis, plongent vers le mouvement COBRA dans ce qu’il exprime de révolte et de besoins de découvrir d’horizons nouveaux. Pour creuser cette idée, le visiteur est naturellement invité à procéder à un examen plus approfondi du tableau pour se rendre compte très rapidement que les traits et les aplats qui le structurent pour faire converger le regard sur un point focal particulier, les couleurs appliquées et les matériaux utilisés dans les collages (portées musicales, dentelles, feuilles d’or, découpages, ocres) constituent un ensemble cohérent qui va lier Danielle Doucet à un vécu émotionnel, familial et culturel personnel. Comment expliquer autrement son attachement par exemple, à la musique de Martinů, son compositeur fétiche ? Ce compositeur tchèque, longtemps resté méconnu, a sublimé dans ses opéras, comme chacun devrait, son attachement aux mélodies et thématiques familiales ou populaires, tout en observant plus particulièrement les « vibrations affectives du langage qui permettent de silhouetter psychologiquement les personnages » comme a pu l’écrire Guy Erismann. L’opéra est un univers merveilleux mis en musique, dans lequel s’inscrivent des mythes, des drames, des incompréhensions mais aussi des absolus en termes de courage, d’espoir et d’amour. Dans tous les cas ces créations structurent et hiérarchisent des actes que sanctionnent des moments de fortes émotions. Ayant découvert la source qui sert de support au travail de Danielle Doucet, le visiteur dispose maintenant pour apprécier l’ensemble de l’exposition, des indispensables clés de lecture transversale qui lui permettront de tourner les pages du livret mis en scène par la musique de ses tableaux.

 

 

 

Alain Maldonado

 

après la visite de l’exposition Danielle Doucet au théâtre Les Ateliers d’Amphoux en Avignon, le 6 avril 2006.